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NE SOYEZ PAS VOUS-MÊME, film inédit

La série Cinéma de notre temps propose le portrait documentaire de cinéastes. Elle est le prolongement de la série culte Cinéastes de notre temps, où l’on trouve rien moins que John Ford, Alfred Hitchcock, et Nicolas Pariser.
En 2019 mon ami Quentin Mével, qui vient de réaliser, avec André Labarthe, le volet sur Mathieu Amalric, me propose de co-réaliser celui sur les frères Larrieu.
Un binôme pour filmer un binôme :  ça amuse tout le monde, à commencer par les frères eux-mêmes. Par ailleurs le tournage imminent de Tralala, leur comédie musicale, sera l’occasion de filmer les cinéastes au travail.  Tout se présente bien.
C’est ensuite que ça se complique. En deux temps :
1 Tralala est tourné pendant la deuxième vague de covid, ce qui restreint le nombre de personnes autorisés présentes sur le tournage. Nous ne pourrons donc raccrocher le processus de fabrication du film qu’au moment de son montage et de son mixage.

2 Une fois notre film tourné et finalisé, une conjonction de faits et d’humeurs font que le diffuseur du film – qui est aussi son acheteur – renonce à le diffuser. Ce qui n’est pas très gentil. Ce serait presque vexant.
Ce film est donc un pur inédit.
Prenons-le comme un cadeau de bienvenue aux néo-fidèles du Chantier Autonome.
Dans un ou deux mois, le temps que chacun découvre le film avec un regard non biaisé, j’expliquerai ici même la « conjonction de faits et d’humeurs »

 

Cet article comporte 27 commentaires

  1. Très intéressant et ce d’autant plus qu’on voit rarement des cinéastes au travail en salle de montage et au mixage.
    Je n’avais jamais vu les Larrieu. Ils ressemblent assez à l’idée que je m’en faisais, plutôt bonhommes et pas casse-couilles. Ils n’ont pas l’air de se prendre trop au sérieux non plus même si on sent qu’ils peuvent être assez secs ou froids à ce qu’en dit Amalric quand ils évoquent la direction d’acteur.
    Ils ont l’air de bons camarades quoi, on aimerait bien se joindre à eux à la fin. J’aime beaucoup le « J’aurais fait de belles ellipses ». Intéressant aussi ce que dit Amalric sur la répartition du travail entre les deux, ça permet à l’un de rêver, d’observer pendant l’autre gère des trucs plus concrets.
    N’ayant pas vu Tralala, j’ai dû louper quelques trucs. J’aimerais bien le voir pour après comparer et voir le résultat final des scènes sur lesquelles ils travaillent dans le documentaire.
    T’en avais pensé quoi du film d’ailleurs François ? Peut-être ne souhaites-tu pas en parler publiquement. Est-ce que les voir au travail t’a permis de mieux comprendre leur cinéma ?

    1. Je dirai plus tard ce que je pense de Tralala – que je n’ai vu qu’après avoir tourné les scènes de montage (mais avant le tournage des scènes de bord de lac).
      Je reviendrai aussi sur le détail de la genèse du film, et de sa non-circulation.

  2. J’adore le début. Le petit temps de latence pour comprendre que les voix qu’on entend ne sont pas celles des deux hommes qu’on voit à l’écran, puis on comprend que les phrases des Larrieu au travail sont plaquées sur l’image des deux réalisateurs qui vont les filmer et préparent leurs propres plans et on sourit, puis on sourit plus encore avec les moulinets des bras et des mains de François, le déplacement des corps autour de l’arbre, ça a un côté burlesque, simple et drôle comme les anciens films muets, et tout ça introduit parfaitement les deux scènes d’après, celle du montage des images et celle du calage du son par les Larrieu, qui m’ont bien intéressée aussi parce que je n’avais jamais vu non plus comme ça le montage d’un film de cinéma et le travail sur le son qui lui est propre. Comment ça cherche, ça hésite et ça décide ensemble. Contente.

  3. (suite) « Ellipse et métaphore », comme s’autodésignent les deux frères, c’est drôle oui – « Ce que je préfère dans mes films, ce sont les ellipses », dit l’un d’eux (et on repense à la formidable ellipse pointée autrefois par François, dans Deer Hunter, qui nous précipite en deux secondes du bled américain des héros au terrain de guerre vietnamien) . Le début de la conversation devant l’auberge du lac est intéressant et fluide, puis ça patine un peu, on sent les interviewés moins présents en même temps qu’on est soi-même un peu gagné par la douceur de l’air, les bières, le lac qui brille derrière eux. Le duo improvisé d’Amalric et Belin est beau, il m’a surpris, même si après Mathieu a un peu de mal à lâcher le micro (métaphoriquement parlant)… A partir de ce moment des chants, les frères Larrieu sont en retrait il me semble, pas absents mais en retrait. Je comprends que le covid a limité vos possibilités de saisie de leur travail sur Lalala, mais pour moi qui ai vu le film ce film décalé et contraint par le sort en fait quand même une douce prolongation.

  4. J’adore cette dernière scène, elle est excellente. Quel pied. J’aurais bien aimé qu’on s’attarde plus longuement en salle de montage ou au mixage.

    En effet on entre dans cette ambiance particulière qui imprègne les salles de montage et de mixage quand on repasse plusieurs fois un bout monté ou un morceau de son mixé pour voir si ça colle, l’effet que ça fait, le sens, etc. On est à la fois très attentif à ce qui se passe, en réflexion et la répétition des images vues, des sons entendus créent comme une torpeur à mesure que les heures de travail s’accumulent dans la journée. C’est pourquoi c’est bien d’y revenir après un temps de pause, pour revoir, réécouter tout ça avec un esprit neuf (qui a dormi). En tout cas ce sont des moments passionnants à observer. Comprendre quels sont les éléments qui orientent leurs choix (au montage Jean-Marie qui veut qu’il y ait de l’émotion à tel endroit, le côté cowboy, le choix pertinent de monter le gros plan sur Amalric plutôt que le plan plus large un peu mou, la sensualité de Belin, les criquets au son, etc. On n’en voit trop peu alors que le montage c’est un nerf du film. Vous avez filmé combien de jours de montage et combien de jours de mixage ?
    Par ailleurs, j’ai été agréablement surprise de voir que nous avons le même mixeur / étalonneur : Sfglkerjti Oleijf, dit le Magicien.

    Tu dis que tu as vu Tralala avant de tourner la première scène de ton documentaire, autour du lac. Ca veut dire que tu es revenu sur les lieux afin d’éprouver la mise en scène que tu avais raté à cause du covid ? Ou pour voir comment tu aurais (re)tourné la ou les scène(s) ?

    Je me suis souvent dit que j’aimerais bien filmer un making off d’un de tes films. Physiquement tu es très intéressant. (J’ai enlevé la phrase qui tente de décrire ce que je trouve intéressant dans ton corps et ton mouvement pour ne pas me ridiculiser). Si jamais ça te botte.

    Je vais essayer de trouver Tralala aussi pour comparer comme Charles leur film en montage et le film final.

    1. ça s’est passé comme ça : 1 on filme quelques moments de montage 2 on filme un jour de mixage 3 on découvre Tralala 4 on se dit qu’on pourrait tourner une bonne scène avec comédiens et cinéastes au bord de ce lac, sur les lieux même du tournage

      1. Vous aviez vraiment peu de matière, que quelques jours de tournage et vous avez réussi d’une part à faire un 51 minutes, d’autre part à monter des scènes qui sont longues, qui prennent leur temps, qui nous permettent de nous installer dans le plan, de suivre / comprendre le processus de la post prod et un peu du tournage par les récits des réalisateurs et des acteurs. C’est un sacré boulot.

  5. Salut François! merci pour le partage . Je n ai pas vu passer les 50 min, j’étais ballotée entre l’été, le lac que je connais bien et les coulisses du cinéma que je ne connais pas du tout ! c’était drôle . La dentelle sonore de la salle de mixage est étonnante , envie de la réécouter les yeux fermés.
    je fais circuler .

  6. Il est vachement bien ce film. J’ai appris plein de chose sur le processus de création d’un long-métrage , sur comment il est pensé, à deux et plus.

    La première scène est très bien faite et drôle. Comment vous avez fait? Vous avez appris par coeur leur échange? J’ai mis quelques secondes avant de comprendre ce qui se passait, même si dès le début quelque chose cloche, vu que je n’ai pas reconnu ta voix. J’ai à peu près compris la scène quand les frères Larrieu apparaissent.

    Dans la scène de boulot suivante, on voit bien la personnalité, la singularité des deux frères ; on voit celui qui veut prendre le dessus.
    Vous étiez présent ? À un moment, Jean – Marie attrape la caméra posée sur le bureau et la tourne vers l’écran, donnant un angle déjà proposé un peu avant.
    Vous avez utilisé 2 caméras?
    Ils ont une discussion intéressante sur l’artificiel d’une scène. La découverte d’un mélange d’éclairages, avec la nature forte derrière et son effet théâtral, comme si le fond était peint. On voit les images en même temps, et on comprend.

    La scène du mixage son ( je crois que c’est ça).
    J’ai parfois eu du mal à distinguer qui parle, avec les masques.
    J’avais jamais vu cette étape filmée. Ça m’a rappelé la scène dans Memoria où le personnage de Swinton cherche un son avec Hernan. C’est impressionnant de les entendre discuter, argumenter, sur les détails du grillon, le chant des oiseaux… cette scène là, comme toutes celles de fabrication pure, donne une dimension artisanale à la figure du réalisateur. Les frères Larrieu parlent peu mais se comprennent. Ça passe par des signes. Le masque ici prend de l’importance. Il cache les visages et rend plus difficile une communication non verbal. Le moment Covid revient plus tard, lorsqu’ils parlent du choix de ne pas avoir gardé la scène finale où le mec se jette dans la foule, car pas envisageable en pleine pandémie. Leur film est ancré dans le temps présent.
    C’est Quentin et toi derrière eux?

    La scène de détente près du lac est très conviviale, très agréable. On a l’impression d’être avec vous. Le fond sonore et visuel permet de s’imprégner du moment. La partie chants rappelle des moments chouettes. Les baigneurs qui passent derrière évoquent les vacances.
    C’est quoi la thèse d’Amalric, évoqué par Quentin? Amalric lui répond : »Oui mais qui ne s’applique pas à ce film-ci, parce que Arnaud ne faisait pas la caméra » et là, cut !
    La discussion sur le fait d’être 2 sur un plateau avec Amalric : il y en a un pour la dimension social, et l’autre qui reste dans l’observation, ses rêveries. … c’est bien pratique.
    À propos de la direction d’acteur, on t’entend approuver derrière Jean – Marie lorsqu’il dit qu’il n’aime pas ce terme. Comment tu appeles ça, ce que JM explique, à savoir rappeler aux acteurs où on en est dans le film?
    C’est marrant de voir que les deux frangins ne décrochent jamais de leur passion. Même à ce moment là, ils réfléchissent plan, lumière ( les remarques sur le coucher du soleil, sur le silence des canards.)

    Évidemment se pose la question du titre. Je devine qu’il est tiré d’une des chansons du film, dont le refrain est Surtout ne soyez pas vous même. Vous n’avez pas gardé le Surtout. Mais je patine pour savoir pourquoi ce choix. L’impression que j’ai, c’est que tous les protagonistes semblent naturel justement, que ce soit au boulot ou lors du moment de détente, près du lac.
    C’est dans quel sens, Ne soyez pas vous même ?
    Tu t’adresses à qui?

    Vous avez un mixeur/étalonneur islandais ( en tout cas il porte presque le même nom du volcan qui a bloqué le traffic aérien courant 2008). La classe.

    1. La première séquence est une pure invention au montage qui doit beaucoup au travail de fourmi d’Elodie, la monteuse. Les voix sont celles des frères, et donc il a fallu tendre à ce que ça colle – sans pour autant vouloir que ça ne se voie pas.
      Ainsi s’initiait un jeu sur les doublures, les doubles, puisqu’on réalise à deux un film sur des frères en train de faire un film sur des (faux) frères, dont l’un se fait passer pour un autre.
      C’est bien nous qui sommes à l’arrière plan dans la scène de mixage, et ça participe de cet effet de double, qui culmine dans la scène finale, avec trois paires à la même table.
      Ne soyez pas vous même est en effet le refrain d’une des chansons de Tralala. Et une sorte de programme de tout le cinéma des Larrieu, qui crée des lignes de fuite pour échapper aux identités – ne serait-ce qu’au carcan pyrénéen où on les enferme parfois.

  7. Quand Amalric dit que Lellouche a fait une happy end parce que c’est vraiment lui, il est comme ça, j’ai aussitôt pensé au titre du docu « ne soyez pas vous même ». Est-ce moi qui ai l’esprit mal tourné ?

  8. J’ai enfin vu Tralala et j’ai adoré ce film que je vais dorénavant conseiller à tout ceux qui ont le moral qui flanche,Mathieu Almaric est grandiose,quel acteur précieux,quel génie burlesque et poétique!Belle idée poétique que ce croquis enfantin d’un visage souriant dans un  morceau de carton sur lequel semble se regarder Tralala en se tirant les lèvres pour en garder le sourire,idée que l’on retrouve lorsqu’il se met à rechercher celle qui lui est apparue et qui le mènera à Lourdes où lui même deviendra une apparition et même si,comme le chante le frère esseulé, aucun mort ne revient jamais des ténèbres,aucun mort certes mais Tralala est un saint.

    1. Ça a un rapport avec leur manière de fabriquer un film, ou avec leur personnalité ? (Quoi que l’un peut découler de l’autre)

    2. J’ai vu  » 27 nuits avec Pattie » des frères Larrieu dont j’ai apprécié certains aspects ( entre autres les baignades dans la rivière, les histoires de cul) mais ai été très dépitée par la fin de la trajectoire de l’héroïne qui m’a paru un retour à la norme très décevant…est-ce que d’autres que moi ont trouvé que cette fin nous laissait sur notre faim?

  9. Ah oui, effectivement, c’est un tout petit peu différent d’Avatar, mais moins que je ne l’aurais pensé !
    Je peux te piquer 20-30 secondes de l’œuvre, pour notre interview-rencontre, François ? On fait le montage cet aprèm avec… mon frère.

    Bonne journée !

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